Entorse de cheville, proprioception et ostéopathie
Comment l’ostéopathie peut-elle aider avec une entorse de cheville? Voici une question intéressante. Mais en premier lieu, regardons ce qu’est une entorse de cheville.
Une entorse de cheville est un étirement ou une déchirure du ligament qui stabilise la cheville. La blessure la plus fréquente est externe, mais il peut arriver que le ligament interne soit touché.
La sévérité de l’entorse sera selon ce qui est arrivé au ligament stabilisateur externe qui est constitué de trois branches. Un étirement du ligament externe est la blessure la moins sérieuse et elle est souvent appelée une foulure. Augmentant en sévérité, une ou plusieurs branches du ligament stabilisateur auront été déchirées. L’on identifie le degré de sévérité en parlant d’entorse de grade 1, 2 ou 3, le grade 3 étant un problème affectant les trois branches du ligament. Un grade 4 existe. Il se produit lorsque le ligament se détache de l’os. Pour plus d’information sur ces aspects, lisez notre excellent article sur les blessures de la cheville en cliquant ici.
Si vous avez une blessure à la cheville, il est important de consulter votre médecin pour connaître exactement la sévérité de la blessure. Il/elle sera en mesure de vous recommander un plan de traitement qui vous amènera vers la réadaptation de votre cheville.
Une fois rendu à l’étape de réadaptation, votre ostéopathe peut vous aider. Comment? De plusieurs façons, incluant au niveau de la proprioception.
Pour comprendre la proprioception, il est important de bien comprendre comment fonctionne une cheville. Lorsque vous subissez une entorse, les ligaments et les muscles s’allongent, et ce même s’il y a déchirure. Le problème vient alors que votre système de proprioception est également affecté. Les tendons, les muscles et les ligaments qui sont autour de vos articulations (pas uniquement les chevilles) sont équipés de petits capteurs qui envoient de l’information à la colonne vertébrale et au cerveau pour lui donner de l’information sur votre position dans l’espace.
Prenons un exemple pour comprendre ce qu’est la proprioception. Mettez-vous debout sur un pied et fermez les yeux. Ce qui vous maintiendra en position verticale (si vous réussissez pour un certain temps) sera votre système de proprioception, puisqu’en absence d’information visuelle, ce qui travaille est uniquement votre proprioception. Dans l’équilibre, la vision joue un rôle important. Les yeux situent la tête dans l’espace et le reste du système nerveux est utilisé pour mettre en relation la tête avec le corps. Si tout concorde, nous avons une position d’équilibre. Si vous faites notre petit exercice, vous remarquerez que votre cheville travaille en faisant des microajustements pour essayer de maintenir votre corps vertical. Elle s’ajuste aux rétroactions que les capteurs envoient pour maintenir cette position. Cela devient beaucoup plus facile une fois que les yeux sont ouverts parce que l’ensemble du système travaille en harmonie.
Un autre exemple peut être de regarder les acrobates performer leurs mouvements d’équilibre. Bien qu’une partie du tremblement que l’on peut remarquer lors de certaines pauses provient de l’effort musculaire, une autre partie est due aux microajustements qui sont faits par les articulations impliquées pour maintenir la position d’équilibre. L’on peut dissocier l’un de l’autre lorsque le mouvement en question nécessite de l’équilibre plutôt que de la force.
Ce système d’information est très délicat et lorsque nous avons une entorse, ce système est modifié. S’il y a seulement un étirement ligamentaire, alors c’est au niveau de la qualité de l’information que votre cheville donne à votre système nerveux. Avec des ligaments plus étirés, votre proprioception peut envoyer une information à votre système nerveux comme quoi vous êtes encore en équilibre alors que vous êtes en perte d’équilibre. Parce que le système se base en partie sur la tension sur les structures, si celles-ci sont maintenant étirées, l’information est erronée.
Si vous subissez une déchirure, il faut premièrement réparer les structures avant de s’attaquer à la proprioception, mais dans le processus de retour à l’activité, il faut retravailler sur la boucle de rétroaction (proprioception).
Il y a deux grandes tangentes pour s’attaquer au problème : rééduquer la proprioception à la nouvelle réalité de l’articulation et travailler sur les structures guéries pour solidifier et raccourcir les ligaments et les muscles, de façon à solidifier à nouveau l’articulation.
Sans ce travail, vos chances de récidive sont grandes. Pourquoi? Parce qu’à chaque fois que votre pied touche le sol, surtout sur une surface irrégulière, votre cheville envoie un message vers votre système nerveux l’informant sur la position d’équilibre ou perte d’équilibre. En l’absence de cette rétroaction, une légère perte d’équilibre peut ne pas être perçue et vous pourriez blesser votre cheville de nouveau, avec des conséquences encore plus sérieuses. Si vos ligaments sont étirés par la première blessure, ils le seront encore plus lors de la seconde et ainsi de suite, jusqu’à atteindre une instabilité importante de la cheville, qui peut, selon la gravité, nécessiter une intervention chirurgicale.
Comment réduire les chances d’être victime d’une entorse de cheville? Il y a le choix de votre activité physique. La pratique du vélo et de la natation offre moins de chances d’entorse de cheville, mais peut comporter d’autres types de risques qui sont à considérer. Également, il est possible que ces sports ne soient pas parmi les activités que vous aimiez. Alors il y a le choix d’activité sur surface lisse. Mais souvent, les sports qui sont pratiqués en salle demandent des changements de direction subits, pas toujours propices à la prévention d’entorse. Et finalement, il y a les sports de glisse, qui vont souvent maintenir la cheville dans une botte rigide. Mais, si les risques d’entorses à la cheville sont réduits, il est largement compensé par un risque accru au niveau de blessures aux genoux.
Il vous reste à inspecter la surface et votre équipement. Si vous faites de la course à pied, regarder vos souliers; est-ce que les semelles sont trop usées d’un côté ou de l’autre? Est-ce que la route où vous allez courir comporte des irrégularités? Soyez-en conscient et agissez en conséquence.
Finalement, faites un bon étirement avant le début de votre séance d’exercice. Qu’est-ce qui constitue une bonne séance d’étirement? Nous aborderons ce sujet lors d’un prochain article.
Comme toujours, si vous avez des questions ou des commentaires, n’hésitez pas à nous consulter ou nous contacter.
